--> Etat et communication de crise
11 fév 2012
Etat et communication de crise

L’Etat et la communication sensible : Au-delà des bonnes pratiques, un défi difficile à relever.

Quelques rappels…
L’Etat est depuis toujours confronté à sa communication. Elle est rarement exempte de critiques , soit que les pouvoirs publics sont accusés de dissimulation intentionnelle, le plus souvent justifiée par le souci de ne pas affoler les populations, soit qu’il soient accusés de dramatiser à l’excès une situation ou une action et alors de poursuivre un objectif politique, certains diront politicien, pour détourner l’attention sur une incapacité réelle ou supposée de bien gérer un événement ou une situation pouvant se révéler dramatique . Ces deux grandes options, bien ancrées dans les opinions publiques, ne sont pas pour autant exclusives. Il faudrait y ajouter par exemple le cas de la mauvaise information initiale du pouvoir sur une situation ou un événement entrainant ipso-facto une mauvaise communication.
Cette confrontation des Etats à la communication est allée de pair avec le développement de la démocratie. La liberté d’expression qui est l’un des éléments permettant de connaître le degré d’évolution d’un pouvoir vers la démocratie a entrainé un embarras des régimes démocratiques qui n’ont eu de cesse de tenter de donner des gages à leurs citoyens quant à une neutralité des informations délivrées par les autorités publiques. Pour répondre aux critiques récurrentes de manipulation de l’information, les pouvoirs publics des régimes démocratiques ont peu à peu substitué le terme communication à celui d’information. Cette substitution a permis dans un premier temps de rassurer. Les Etats et leurs pouvoirs publics ont voulu entrer dans la convivialité et l’interactivité pour mieux faire accepter leurs messages par les citoyens. Là, réside peut-être la racine du problème pour les Etats. A trop vouloir banaliser la fonction étatique et rassurer sur le fait qu’elle n’est pas un Moloch ou un Léviathan dévoreurs de libertés pour permettre la vie en société, nous avons peu à peu collectivement oublié que l’exercice d’une charge donne des obligations et qu’au premier rang d’entre elles se situe la reddition des comptes. Informer les citoyens sur l’exercice du pouvoir constitue donc une fonction essentielle de l’Etat. Nul ne le conteste, bien sûr, mais ce qui est en cause aujourd’hui réside dans la manière d’informer ou de communiquer, peu importe à notre avis le terme retenu, s’agissant des Etats. C’est bien parce que ces derniers assument la charge suprême garantissant la paix, la défense commune et un équilibre acceptable du « vivre ensemble » qu’ils doivent savoir informer et communiquer. Quand ils ne le font pas ou mal, ils deviennent « démunis » et contestés.
Nous pensons que ce détour par le fondement des Etats est indispensable afin de redonner du sens à la communication publique. Il nous semble imparfait de s’attacher uniquement aux outils, à la finalité et à l’analyse du fonctionnement des mécanismes permettant la communication quand il s’agit des Etats. Si nous négligeons ce que représente l’Etat, sa position vis-à-vis des différents acteurs qui constituent une société et un monde, nous nous privons d’une grille d’analyse précieuse et prenons le risque de ne pas trouver les réajustements nécessaires. N’oublions pas enfin que la violence, et le terrorisme en est l’acte ultime, est l’échec de la communication des Etats.

Au vu de ce qui précède, il ne fait aucun doute que les activités de l’Etat entrent dans leur totalité dans le périmètre de la communication sensible qui regroupe la communication sur le risque, la communication d’acceptabilité, la communication relative à des activités contestées et enfin la communication de crise, la plus connue des quatre composantes. Traiter ce sujet sans s’interroger sur l’effectivité et la légitimité d’un Etat à un moment donné nous semble difficile.
Compléter le champ de la communication sensible par cette dimension nous semble constituer un apport venant conforter le concept.
Du degré de cette effectivité et de cette légitimité dépend la capacité d’un Etat à faire passer des messages plus ou moins forts et acceptables pour les citoyens. Cette vision de la question qui est axée sur les capacités et les qualités intrinsèques de l’acteur principal nous a semblé suffisamment intéressante pour tenter de livrer quelques pistes de réflexion. Elles soulèvent une difficulté majeure car elles concernent les fondations de l’édifice. La réponse ne situe plus dans le domaine des bonnes pratiques mais relève à notre sens d’une approche de refondation. Un tel prisme devrait permettre de mieux prendre en compte les facteurs de l’équation que sont le trop de communication qui décrédibilise la parole publique, démobilise le citoyen et le trop de pouvoir qui va également, mais par d’autres canaux, aboutir à un rejet de l’Etat.

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http://www.communication-sensible.com/articles/article244.php

Article publié dans le magazine de la communication sensible
de l’Observatoire International des Crises OIC
http://www.communication-sensible.com/articles/article240.php

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