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Au lecteur d’imaginer la date à laquelle se déroule l’action de ce roman qui lui fait partager un futur bien sombre.
Les personnages du roman, un président de la République, des élus, des conseillers, un militaire n’ont plus conscience de la noirceur de leur âme…mais ils sont tous persuadés d’œuvrer pour le bien de l’humanité et leur folie est un peu la nôtre…
Le lecteur trouvera dans ce récit à s’interroger sur l’actualité et sur lui-même. Pas de providence divine, pas de loi immuable pour décider de notre avenir mais seulement notre volonté.
Découvrir un extrait du premier chapitre
Je m’appelle Alice, j’habite Bruges depuis presque dix ans. J’ai quarante-deux ans au moment où j’écris ces lignes. J’ai suivi mon dernier amant, que j’ai connu à Dahab, en Egypte. Il était venu plonger dans le « Blue Hole », un must réservé à une élite capable de se payer un voyage lointain, un hébergement de longue durée et obtenir les autorisations de quitter les zones d’assignation à résidence mises en place depuis plusieurs années pour éviter au maximum les brassages de populations susceptibles de propager les maladies. J’aurais l’occasion plus loin de vous en dire plus sur la manière dont nous vivons, je devrais dire survivons car si chaque humain à désormais un toit et mange à sa faim, c’est parce que nous avons payé très cher ce droit de vivre.
Jan, c’est le nom de mon compagnon, était un habitué de l’hôtel dans lequel je vivais à Dahab avec ma mère et ma sœur jumelle Madé.
Nous sommes partis dans ce petit village situé au bord de la mer Rouge après le départ de Paris de ma mère. Elle y est devenue un peu « hippie » sur le tard après avoir été ministre. Je ne sais quel terme actuel employer, tant cette époque est glauque. J’ai trouvé ce terme « hippie » dans les archives historiques numériques encore accessibles. Aujourd’hui son comportement aurait été qualifié de « déviant ».
Nous l’avions suivie dans ce village bédouin après son départ un peu chaotique du gouvernement et le suicide du Président de la République. La vie à Paris était devenue compliquée pour nous. Impossible d’aller dans un bar, ou même sortir avec un copain après tout ce bordel. Avec ma sœur nous n’étions plus que les filles de l’amante du Président qui s’était suicidé …. C’était faux pour le qualificatif d’amante et cela nous irritait au plus haut point de voir à quel point cela avait d’importance pour nos relations d’alors. Il y avait les convaincus, que nos dénégations renforçaient dans leur conviction, les faussement compatissants, qui se délectaient après nous avoir vues de pouvoir raconter n’importe quoi en disant d’un air entendu – c’est leurs filles qui m’ont dit que… — et les envieux de la réussite de notre mère qui s’épanouissaient dans la médisance. Alors, quand notre mère nous a annoncé que nous pouvions partir avec elle en Égypte, aucune de nous deux n’a hésité une seconde. Je me souviens de l’avoir longuement embrassé et commencé dès le soir même à préparer des valises.
Elle avait obtenu l’autorisation exceptionnelle de quitter l’Europe ce qui n’était pas évident mais compréhensible à la lumière de ce que j’ai pu lire de ses notes et de ce que moi-même ait pu connaître des événements ayant entrainé notre départ.
Plus rien ne nous retenait à Paris : une famille de merde, pas d’amis, et je l’avoue aucun objectif de vie ; nous avions faits de bonnes études mais sans trop savoir pourquoi ; maman étant ministre et papa fortuné, nous considérions que nous aurions toujours une opportunité à saisir… même si depuis le divorce, notre père n’avait pas donné signe de vie.
Ni moi, ni ma sœur ne savions que ma mère avait une amie hôtelière. En fait c’était le dernier compagnon de son amie qui avait acheté un hôtel en Egypte, au bord de la mer Rouge pour assouvir sa passion de plongée dans le trou bleu de Dahab.
Il l’explorait chaque semaine et en parlait avec tant de passion que ma mère, qui n’avait jamais eu de goût pour la plongée s’était convaincue que descendre dans le « Blue Hole » serait l’épreuve initiatique qui solderait la fin de son ancienne vie et sa renaissance. Cela nous amusait de la voir se passionner pour les mélanges gazeux indispensables pour les plongées de grande profondeur, les caractéristiques des tenues, des masques, des détendeurs…. Elle écoutait comme un enfant à qui l’on raconte avec conviction et ferveur un conte de fées, les récits des plongeurs qui le soir parlait avec des mots et des yeux d’enfants émerveillés de leur descente le long des récifs coralliens vers « The Bells » puis vers « Saddle » l’un des plus beaux passages de cette fosse qui permet de poursuivre l’exploration du récif souterrain vers des tombants de plus de 700 mètres de profondeur.
Après un an d’écoute en spectatrice de ces descentes fabuleuses à plus de cent mètres pour certaines, elle commença un entrainement pour plonger à une cinquantaine de mètres.
Elle nous racontait son apprentissage, son sentiment de fragilité face à ce gouffre dont la profonde couleur bleue agissait comme un aimant sur tous ceux qui avaient le cran de s’y frotter. Tous connaissaient le danger de telles plongées et les plaques commémoratives scellées sur le tombant étaient là pour le rappeler, mais chacun était persuadé de son invincibilité, comme si le seul fait d’avoir le cran de réaliser la plongée conférait une invincibilité face à l’immensité de ce trou dont la beauté pouvait excuser toutes les morts.
Ma sœur, amourachée d’un plongeur canadien, avait également débuté un entrainement et essayé de me convaincre de me lancer dans l’aventure. J’avais cédé un jour, pour lui faire plaisir, mais les nausées que j’avais éprouvées en plaçant l’embout du détendeur dans ma bouche m’avaient totalement découragée de persévérer. J’étais pour ma part plus à l’aise au bar à servir des cocktails et à me faire draguer que sous l’eau.
Un jour ma mère est revenue du village avec un tatouage qui était une phrase écrite en arabe dans le haut de son dos et qui voulait dire « Les îles sont chères au cœur du prophète car elles sont orphelines » avec une rose des vents et les coordonnées géographiques de Dahab : 28° 34′ 20″ N, 34° 32′ 15″ E.
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